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brouille avec Doria, qui décide la défection des autres états de l’Italie. Lautrec meurt, et l’armée française est anéantie. L’empereur et le roi de France, après avoir échangé plusieurs provocations ridicules, signent la paix de Cambrai, en 1529. Les enfans du roi sont rachetés au prix de 1,200,000 écus. François Ier renonce à ses prétentions sur le Milanais et épouse Eléonore, sœur de l’empereur. La paix européenne paraît assurée pour quelque temps. François Ier, aidé du connétable de Montmorency, remet l’ordre dans les finances. Il donne des fêtes élégantes et somptueuses. Il s’entoure de savans illustres, tels que Budée et Lascaris, et correspond avec Érasme. Il visite dans leurs ateliers Primatice et Léonard de Vinci. Il commence le Louvre, bâtit les châteaux de Fontainebleau, de Chambord et de Madrid. Il fonde le collége de France. Il forme à sa cour un conseil littéraire, composé des frères Dubellay, de Rabelais, de Marguerite de Navarre et de Clément Marot, qui tous deux prononçaient rarement les chastes paroles que miss Kemble a mises dans leur bouche. C’est à cette époque que François Ier prit une nouvelle maîtresse, Anne de Pisseleu, qu’il nomma duchesse d’Étampes. La comtesse de Châteaubriand était morte pendant sa captivité, victime de la jalousie de son mari. Le roi donna des larmes sincères aux cendres de la duchesse d’Angoulême, malgré les torts nombreux qu’il avait à lui reprocher, et maria peu de temps après, Henri, son second fils, à Catherine de Médicis.

L’expédition de Charles-Quint en Afrique ranime les prétentions de François Ier sur le Milanais. Il profite de l’absence de l’empereur pour y rentrer. François Sforce, frappé de terreur, meurt subitement ; mais bientôt Charles-Quint revient et reprend l’Italie. En 1536, il conduit cinquante mille hommes en Provence. Le connétable Anne de Montmorency, instruit que les troupes impériales sont mal approvisionnées, n’hésite pas à sauver la France au prix d’une province, et met le feu aux villes et aux châteaux. La famine chasse l’empereur et l’oblige à repasser les Alpes. Le dauphin François, qui donnait les plus brillantes espérances, meurt empoisonné, à ce qu’on croit, par Montécuculli, son échanson, qui subit le supplice des régicides.