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Saint Hilaire, concernant les variations de la taille chez les mammifères et les races humaines. L’académie, sur la demande du rapporteur, ordonne l’insertion de ce travail au recueil des savans étrangers.

M. Demoyers adresse à l’académie quelques considérations tendant à prouver que les ossemens d’hommes, et les débris d’art humain qu’on a trouvés dans certaines cavernes, surtout dans celles du midi de la France, y ont été laissés postérieurement au dernier cataclysme, quoiqu’on les trouve réunis à des ossemens d’espèces détruites.

M. Demoyers fait d’abord remarquer que les différens lits de gravier, de limon et ossemens introduits par des cours d’eau dans ces cavernes ont été déposés en couches très ondulées, et non simultanément, et que les cavités laissées par ces ondulations ont été remplies par les dépôts formés postérieurement, ou par des corps accidentellement laissés dans ces cavernes pendant la période actuelle ; qu’ainsi, lorsqu’à une époque postérieure, des courans moins tumultueux ont passé sur ces couches, en enlevant une tranche horizontale, ils ont dû mettre à nu des corps appartenant à diverses époques, lesquels auront pu être d’autant plus aisément confondus et attribués à une seule et même époque, que souvent des stalactites ont cimenté le tout en agrégats solides, les os d’ours et d’hyène des lits intérieurs avec les os humains et les poteries brisées des couches superficielles.

La présence d’os humains dans les cavernes indique-t-elle une époque fort antérieure aux temps historiques ? nullement ; car à l’époque de la conquête romaine, c’était encore la coutume, chez les peuples de race celtique, de mettre, à l’approche d’une invasion leurs grains, et tout ce qui composait leurs richesses, en sûreté dans des cavernes où eux-mêmes se réfugiaient quelquefois. Florus nous apprend qu’au temps de la guerre de César, les Aquitains vaincus se retirèrent dans des cavernes que le général romain fit murer ; or il est à remarquer qu’une partie des cavernes où de nos jours on a trouvé des ossemens humains appartenaient à l’Aquitaine, telle qu’elle était au temps de Florus. Si l’on voulait tirer un argument, en faveur de la grande ancienneté de ces os, de la grossièreté des produits d’industrie qui s’y trouvent mêlés, il serait facile de montrer que les vases et ustensiles trouvés dans les tumuli près des dolmens ou sur l’emplacement des anciennes bourgades gauloises, n’indiquent pas un degré d’art plus avancé.

M. Dutrochet lit un mémoire intitulé : Expérience sur la matière colorante des feuilles et des fleurs.

Chez certains végétaux, les feuilles offrent, comme on le sait, une coloration différente à la face supérieure et à l’inférieure. Cette différence sembla à M. Dutrochet en indiquer une dans la composition chimique, et peut-être dans la nature électrique des deux matières colorantes. Pour s’en assurer, il pila une feuille de begonia sanguinea avec un peu d’eau, et mettant une goutte de ce liquide en communication avec les deux pôles d’une pile, il vit la matière rouge se porter au pôle positif, et la matière verte au pôle négatif. Dans cette circonstance, dit-il, il se manifesta comme à l’ordinaire, deux ondes, l’une alcaline et