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fourrures de loutre de mer à ses parens ; qu’il s’engageait à ne lui jamais faire porter de bois, et qu’elle pourrait garder son costume européen ; qu’elle aurait toujours du saumon, des anchois, du chevreuil en abondance, et qu’elle pourrait fumer par jour autant de pipes de tabac qu’elle le jugerait convenable. Ces offres séduisantes ne touchèrent pas cependant la belle Anglaise. L’Indien fit encore plusieurs tentatives infructueuses, et bientôt on apprit qu’il complotait, avec quelques-uns des siens, de l’enlever au moment où elle se promènerait seule sur la baie. Miss Barnes fut donc obligée de cesser ses rêveries solitaires sur les bords de la mer, et pour se soustraire aux poursuites amoureuses de l’Indien, elle se décida à retourner en Angleterre par Canton. Arrivée dans cette ville, elle devint aussi un objet d’admiration et de curiosité pour les habitans du céleste empire. Un gentleman anglais, d’une grande fortune, lui offrit de l’épouser. Cette proposition était beaucoup plus tentante que celle des chefs indiens, et bien au-delà de ce qu’elle aurait pu espérer en Angleterre. Elle accepta donc, et lady Jane vécut depuis dans toutes les jouissances du luxe oriental. »

Nous avons parlé de la forme singulière que présente le crâne chez les Indiens Têtes-plates. Cette forme est due en grande partie à l’art, et M. Cox décrit ainsi le procédé par lequel on l’obtient. Immédiatement après sa naissance, l’enfant est placé dans une espèce de berceau semblable à une auge oblongue, et rempli de mousse. Un des côtés sur lequel repose la tête est plus élevé que le reste. On pose une natte sur le front de l’enfant, avec un morceau d’écorce de cèdre par-dessus, et on comprime le tout au moyen de cordes passées dans les trous pratiqués sur les côtés du berceau. Cet usage barbare se continue pendant un an environ. Un enfant dans cet état de compression, avec ses petits yeux noirs sortant de leur orbite, est horrible à voir.

Chez presque toutes les tribus sauvages de l’Amérique, la tactique militaire consiste à fondre à l’improviste sur l’ennemi, à massacrer ou à faire prisonniers les femmes et les enfans. La manière de faire la guerre des Chinouks leur fait plus d’honneur. Lorsqu’ils sont décidés à combattre, ils avertissent leurs