lente, surtout en automne. Les ours y sont aussi très dangereux ; l’anecdote suivante en est une preuve :
« Dix Canadiens avaient été envoyés en canot sur la rivière Tête-plate. Le troisième jour après avoir quitté le fort, pendant qu’ils étaient tranquillement assis autour d’un feu pétillant, à manger leur part d’un cerf rôti, un grand ours affamé sortit de derrière les arbres voisins, et s’approcha sans bruit du groupe. Avant d’être aperçu, il sauta par-dessus le feu, saisit un des convives qui avait en main un os bien fourni, et l’emporta à cinquante pas sans s’arrêter. Cet incident, comme on peut le croire, coupa court au repas. L’enlèvement de leur pauvre compagnon jeta les Canadiens dans une morne stupeur. Cependant un d’eux, Baptiste Leblanc, saisit son fusil, et allait tirer, quand ses compagnons l’arrêtèrent, craignant qu’il n’atteignît aussi leur malheureux camarade. Pendant ce temps, l’ours, qui s’était arrêté pour ronger l’os de son prisonnier, serrait moins fort sa proie, tout en la conservant en sa puissance. Une ou deux fois, le pauvre captif tenta de s’échapper. L’ours se contenta d’abord de le surveiller de plus près ; mais à sa troisième tentative d’évasion, il le prit par le milieu du corps, et commença à lui faire sentir de ces terribles embrassemens qui finissent ordinairement par la mort. Le malheureux poussait des cris déchirans. Mais apercevant tout-à-coup Leblanc qui levait son fusil en attendant le moment favorable de faire feu : « Tire ! tire ! si tu m’aimes, s’écria-t-il ; à la tête ! à la tête ! » — Leblanc n’en attendit pas davantage, fit feu, et blessa l’ours à la tempe droite. Il tomba en lâchant son prisonnier, mais il lui fit avec ses pattes une horrible égratignure à la figure. Le tireur courut ensuite au secours de son camarade, et acheva l’ours avec son couteau de chasse. Cet ours était extrêmement maigre, et n’avait réellement que la peau sur les os, ce qui explique sa hardie tentative. »
Depuis l’embouchure de la Columbia jusqu’aux premiers rapides, le climat est doux ; le mercure descend rarement au-dessous de zéro, et ne dépasse jamais 22°. Les vents d’ouest règnent ordinairement pendant l’été et le printemps, et sont remplacés