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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/464

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HONESTUS.

Vers la fin du dernier siècle, dans ce moment de décomposition sociale, où toute la morale se refaisait en France, parce qu’il n’y avait plus de morale, — singulière époque d’hésitation et de doute où l’on ne doutait de rien, — alors il se passa dans l’esprit de la nation d’étranges choses ; on remit en question le bien et le mal, la vertu et le vice ; on se demanda si le luxe était une nécessité, et s’il y avait, en effet, au fond des choses des distinctions sociales. Il y avait partout en France, dans les écoles, dans les salons, dans les camps, à la ville, à la cour, en province, des rhéteurs préparés à tout soutenir ; surtout c’était une rage de perfection qui a perdu le peuple français. On perfectionnait la charrue et la soupe économique, on perfectionnait la matière et l’âme, on enseignait aux petits garçons l’art de penser, et aux petites filles l’art de faire des enfans d’esprit. On bouleversait cette pauvre nature sens-dessus-dessous, on l’agitait de fond en comble, on la perçait jusqu’à la craie, jusqu’à l’eau ; on s’élevait dans l’air, on vivait dans l’eau, on ajoutait un sixième sens aux cinq sens que nous avons déjà. Il y avait des faiseurs de paix perpétuelle, des faiseurs d’anguilles vivantes avec de la farine, des faiseurs de canards mangeant et digé-