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DE L’AVENIR DE L’ART.


I.


DE L’ART EN ALLEMAGNE.

Goëthe mort, c’est le dernier pouvoir en Europe dont nous dirons : Le roi est mort ! vive le roi ! Le siècle a fini, le siècle a commencé. L’art est mort, l’art vient de naître. La cloche de ses funérailles a sonné en même temps son baptême. La légitimité de génie dont se couronne incessamment le genre humain, ne veut point d’interrègne ; sitôt qu’elle a mis son mort au tombeau, elle s’en va, on ne sait où, chercher et sacrer dans ses langes l’enfant de l’avenir. Que tous les enfans qui viennent de naître écoutent de loin le glas de cette cloche qui retentit en Allemagne ; qu’ils commencent déjà leurs meilleurs rêves ; qu’ils se retournent dans leurs lits en disant à leur mère : — Ma mère, ma mère, que me veux-tu ? puisque c’est l’heure où la gloire se met en quête de celui d’entre eux qui va lui remplacer son vieillard dans le monde. Que les fleurs dans les bois, que les herbes dans les prés, que les sources dans le sable qu’il avait taries pour emplir sa coupe sans bords, se remplissent de nouveau de leur