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plet d’une société nouvelle. Examinez les théories qui ont été développées pendant notre révolution, et si vous en répudiez quelques-unes, vous trouverez souvent que ce n’est pas tant parce qu’elles sont essentiellement erronées, que parce qu’elles sont prématurées ; ce sont plutôt des anticipations que des mensonges ; il y a plus de précipitation que d’erreur. Cependant à l’époque dont je vous parle, on s’irrite contre les obstacles ; on s’emporte contre les récalcitrans ; on en appelle à la force : entre les novateurs et les vétérans du passé, le fer décidera ; la révolution devient guerrière, sanglante ; mais elle n’est au fond, ni du sang, ni la guerre, car son génie l’appelle à gouverner le monde, et non pas à l’ensanglanter.

Quant aux excès extraordinaires qui ont souillé l’extraordinaire grandeur de notre révolution, comme si nous dussions, dans le crime ainsi que dans l’héroïsme, dépasser les proportions communes, je vous les abandonne, monsieur, ou plutôt, comme Français, j’ai le droit de les réprouver avec plus d’indignation encore et d’amertume que vous-même : que de fois sur ce lamentable sujet, je me suis rappelé ces vers qui vous ont frappé sans doute, où Byron, cet héroïque et sauvage amant de la liberté, demande si elle est possible, cette liberté, dans les vieilles sociétés européennes !


XCVI.


Can tyrants but by tyrants conquer’d be,
And freedom find no champion and no child,
Such as Columbia saw arise when she
Sprung forth a Pallas, arm’d and undefiled ?
Or must such minds be nourish’d in the wild,
Deep in the unpruned forest, ’midst the roar
Of cataracts, where nursing nature smiled
On infant Washington ? Has earth no more
Such seeds within her breast, or Europe no such shore ?



XCVII.


But France got drunck with blood to vomit crime.
And dreadful have her Saturnalia been