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branlables, semblables aux pyramides d’Égypte ; — seulement dans ces pyramides universitaires, il ne faut pas chercher les dépôts de la sagesse humaine.

La route était véritablement jonchée d’étudians. Dans l’auberge de Norten, j’en trouvai encore trois, aussi gourmands et aussi exigeans que des professeurs. À Nordheim, encore une auberge et des étudians. Là, du moins la population commence à se varier. Derrière Nordheim, on commence à entrer dans les montagnes et l’on aperçoit de pittoresques éminences ; on marche au milieu de marchands ambulans qui s’en vont gagnant la foire de Brunswick, et d’une nuée de femmes appartenant à la même espèce qui portent sur le dos un attirail de la hauteur d’une maison, couvert d’une immense toile blanche. Ce sont des cages pleines d’oiseaux qui sifflent, chantent et gazouillent, tandis que celles qui les portent chantent, gazouillent et sifflent non moins bruyamment ; véritables oiseaux sans cervelles, l’un l’autre se portant.

J’arrivai à Osterode par une nuit noire, je me plongeai aussitôt dans mon lit, et le lendemain j’eus un joyeux réveil. Les troupeaux se rendaient aux champs et j’entendais de ma chambre le bruit de leurs clochettes, les rayons du soleil traversaient mes rideaux et frappaient sur les tableaux qui ornaient les murs. C’étaient des scènes de la guerre de la délivrance où l’on avait fidèlement constaté comme quoi, nous autres Allemands, nous fûmes alors des héros ; puis des scènes d’exécution du temps de la révolution française, Louis xvi sur l’échafaud et autres couperies de têtes qu’on ne peut regarder sans remercier Dieu d’être tranquillement dans son lit, d’y boire en paix son café, et de se sentir le chef très confortablement placé sur ses épaules. Après avoir bu ce café, m’être habillé, avoir lu les inscriptions qui se trouvaient sur les carreaux de mes fenêtres et réglé mon compte d’auberge, je quittai Osterode.

Cette ville a tant et tant de maisons et différens habitans parmi lesquels on compte quelques âmes : vous trouverez le reste, s’il vous plaît, dans le Guide du voyageur. Avant de reprendre la grande route, je visitai les ruines de l’antique château d’Osterode ;