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ESQUISSES DU CŒUR.


I.


UN ADIEU.

Lors de mon séjour à Madrid, en 18.., la maison que je fréquentais le plus assidument était celle de la jeune comtesse de Talavera. Mariée depuis un an peut-être, elle en avait cependant à peine dix-huit. Élevée à Madrid, quoique née dans le royaume de Grenade, le commerce de la cour, en lui donnant de bonne heure toute l’élégance et toute la distinction du grand monde, ne lui avait pourtant rien fait perdre de son exquis naturel et de sa grâce andalouse. Quant à sa personne, la finesse et l’élasticité de sa petite taille, sa pâleur rosée, ses longs cheveux et ses grands yeux noirs, ses pieds et ses mains imperceptibles, la souplesse et la vivacité de ses moindres mouvemens, de ses moindres gestes, toutes ces perfections la rendaient assurément bien