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STATUE DE LA REINE NANTECHILD.

dire en passant, les corps des rois de la première race étaient déposés dans des cercueils de pierre, sans figures sculptées ni ornemens extérieurs. Leur nom et leur titre étaient gravés en dedans. Des armes, des monnaies d’or, des pierres précieuses étaient placés à leur côté. Le père Mabillon, dans un mémoire[1] sur les sépultures royales, nous apprend que cette absence d’inscription venait de ce que, dans ce temps de brigandage, on n’eût pas manqué de violer ces riches sépulcres, pour s’emparer des objets de prix qui y étaient enfermés. La découverte que l’on a faite, en 1653, du tombeau de Childéric, près de Tournay, a fourni la preuve de cette double coutume d’enfouir auprès des rois un grand nombre de bijoux et de ne graver aucune épitaphe sur leurs tombes. Les premières figures, dont il soit fait mention sur une sépulture royale sont celles qui, au rapport d’Eginhart, ont décoré celle de Charlemagne. Grégoire de Tours[2] raconte que, dans la basilique de Metz, le tombeau d’une jeune femme, enterrée avec de riches joyaux, fut violé et pillé la nuit suivante par ses proches.

Nous lisons dans l’histoire de l’abbaye de Saint-Denis, par Félibien, qu’un écrivain du huitième siècle fait mention de bustes dorés qui ornaient la sépulture de Dagobert et de sa femme Nantechild. Ces bustes, qui pouvaient être de l’époque où cet écrivain vivait, n’ont aucun rapport avec la statue qui nous occupe. Suivant le même auteur, le monument de Dagobert, comme celui de Charles-le-Chauve, a été refait et orné des figures et bas-reliefs qu’on y admire, un peu après le temps de l’abbé Suger[3]. Cette supposition est tout au plus admissible pour le bas-relief[4] ; mais quant à la statue de Nante-

  1. Mémoires de l’académie des inscriptions et belles-lettres, t. ier.
  2. Annales, liv. viii, ch. 21.
  3. Mort en 1152.
  4. Ce bas-relief est plein de naïveté et offre dans quelques parties la plus grande élévation. Malheureusement le Dagobert couché sur le tombeau est d’une époque plus moderne, ainsi que la statue qui fait le pendant de celle de Nantechild. Cette figure, par sa pose théâtrale, dépare, de la manière la plus fâcheuse, ce beau monument.