L’abbé de Sainte-Geneviève, Étienne de Tournay, divise l’école de ce monastère en deux classes ; l’une, pour les novices et les profès, dans l’intérieur ; l’autre, à l’entrée, pour les écoliers du dehors. Dès le même temps, les fils de rois viennent recevoir les élémens de la grammaire sur les bancs de l’école épiscopale, ouverte aux laïques dans le cloître de Notre-Dame de Paris. On distribue de la science au peuple à la porte des évêchés et des couvens, comme du pain aux pauvres et des médicamens aux malades.
De telles nouveautés annonçaient qu’une révolution très singulière était proche. En effet, on était à la veille d’un grand changement, d’un déplacement complet de la puissance. Le monopole de l’intelligence et de l’administration allait échapper des mains de l’église. L’art, de sacerdotal qu’il était, allait devenir national et séculier.
N’est-ce pas une chose extraordinaire et vraiment notable, que, vers les premières années du treizième siècle, dans tous les pays de domination franque, saxonne et germaine, il y ait eu, un peu plus tôt, un peu plus tard, un jour et une heure, où toute pierre qui s’éleva du sol prit une route différente de celle qu’elle avait jusque-là suivie. Plus de ces arcades cintrées, lourdes ou légères, selon qu’elles étaient grecques ou romaines ; plus d’élégantes rotondes octogones ; plus de coupoles orientales ; plus de toits en terrasse : tout bâtiment qui surgit de terre se termine invariablement en cône, en flèche, en lancette. Toits et clochers, tout devient aigu, effilé, pyramidal. Les portes, les croisées, les voûtes, suivent ce mouvement ascensionnel. L’ogive enfin, qui a sur le cercle l’avantage d’une variété indéfinie de combinaisons, a remplacé partout le plein-cintre ; et ce n’est pas là un accident, un hasard géométrique, un caprice éphé-