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ITALIE. — TOSCANE. — MODÈNE. — PARME.

bée sans doute dans une plus grande ignorance ; mais, retrempé par l’énergie du conquérant, le peuple vaincu aurait fini par former une masse compacte à l’exemple de la France, de l’Angleterre et des autres contrées de l’Europe. Mais le pape résista ; et ne possédant pas de force propre, il appela à son secours les barbares de Charlemagne pour dompter les barbares de Didier. De là datent les malheurs de l’Italie. Délivrée du joug longobard, sans qu’aucune autre puissance s’élevât sur ces débris, n’étant plus que faiblement soumise au régime féodal, l’élément latin reprit le dessus. Il fut facile à un grand nombre de villes de se donner des institutions municipales et de s’ériger en républiques. Ces petits états, jaloux les uns des autres, étaient bien plus difficiles à réunir que les masses féodales étrangères, qui, reconnaissant déjà un chef suzerain, devaient toutes à la longue se concentrer en lui. Cependant l’Italie aussi aurait fini par obéir au plus fort, s’il n’y avait eu ce principe constant de réaction dans le pape, qui appelait toujours l’étranger pour écraser l’Italien prépondérant. Tant que les autres états européens furent eux-mêmes partagés en plusieurs provinces presqu’indépendantes, la nationalité italienne n’eut pas beaucoup à craindre des excursions que faisaient à l’envi les alliés ou les ennemis des papes. Mais lorsque, vers la fin du quinzième siècle, l’abolition des grands fiefs et l’établissement d’une armée permanente eurent rendu la France plus puissante ; lorsque la plus grande partie de l’Espagne fut réunie sous un seul sceptre par le mariage de Ferdinand et d’Isabelle, le sort de l’Italie fut bien plus compromis. Quand Machiavel écrivait, la France obéissait à François Ier, l’Espagne et l’empire à Charles-Quint. L’Italie n’était pour ces deux souverains qu’un champ de bataille que la démocratie avait déserté. L’auteur du Prince vit la force ascendante de l’élément monarchique, et voulut la faire tourner au profit de l’Italie. Il sentit que le premier devoir d’un Italien était celui de délivrer son pays du joug étranger, n’importe à quel prix et par quels moyens. À cet effet, il prêcha la tyrannie, lui montra tous les moyens et les élémens de succès, et s’adressant à la famille des Médicis, forte alors de l’ap-