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REVUE DES DEUX MONDES.

I.

Sigurd, je t’apprendrai les runes des tempêtes ;
Grave-les sur ton noir vaisseau,
Et quand l’orage en feu volera sur vos têtes,
Quand le vent creusera les abîmes de l’eau,
Tu verras la nue embrasée
Se dissoudre en fraîche rosée,
Au sein calmé du firmament.
Tu verras de l’onde apaisée
Sous l’esquif la rage épuisée
Se prosterner docilement.


II.

Sigurd, je t’apprendrai les runes de la guerre :
Grave-les sur ton bouclier,
Et les traits ennemis ne t’inquiéteront guère ;
Et ton bras ne pourra plier ;
Grave-les sur ta forte épée,
Et quand elle aura soif d’un sang encor vivant,
À son désir s’en abreuvant,
De ce sang dans la plaie elle rira trempée.


III.

Je t’apprendrai les runes de l’amour ;
Grave ceux-là sur la plage mouvante,
Et la vierge qui s’épouvante
De l’éclat et des bruits du jour,
Avec la nuit viendra se glisser sous ta tente.


SIGURD.

Brunhilde, j’ai vraiment plaisir à t’écouter,
Des runes, je le vois, tu connais les usages.
Redis-moi maintenant les préceptes des sages,
Ce qu’il est bon d’apprendre est bon à répéter.


LA VALKYRIE.
I.

Sois prudent avant tout, ô Sigurd, et prends garde
Quand tu poses le pied sur un sol étranger ;