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SIGURD.

Vers eux se penche et dit tout bas :
Mes enfans, ne combattez pas
Ce héros à la mine altière.

Il tua le dragon puissant.
C’est Sigurd, Sigurd l’invincible,
De Fafnir il a bu le sang ;
Au fer il est inaccessible.

Gunar répond : Mon glaive fend l’acier,
Mon glaive entamera le corps de ce guerrier.
Hogni répond : Quand l’ours vers moi se dresse,
Sur ma poitrine je le presse
Et je finis par l’étouffer ;
Mes bras l’étoufferont s’il émousse mon fer.

Guttorm menace aussi, terrible à ce qu’il semble ;
Mais regardez Guttorm de plus près, son corps tremble.
Enfin Grimma s’emporte et dit :
Celui qui le touche est maudit.

Ainsi parle Grimma, la puissante sorcière :
Tantôt louve, au sein des forêts
Elle hurle dans un repaire ;
Tantôt sur les rochers, sous les abris secrets
Rampe et siffle, horrible vipère.
Les guerriers à l’instant sont frappés de stupeur,
Car de leur mère un seul mot leur fait peur.

Assieds-toi, guerrier redoutable,
Assieds-toi, disent-ils, et mange à notre table.
Sigurd s’assied, il boit avidement,
Et sans rien dire il mange largement.

Alors Grimma prépare une corne remplie
D’un breuvage délicieux ;
À l’entour sont gravés des traits mystérieux,
Les runes par qui l’on oublie ;
Elle l’offre à Gunar, dès-lors la Valkyrie