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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/469

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LES CONFIDENCES.

— Le mauvais temps aura effrayé les autres invités, dit la marquise.

Eugénie hocha la tête.

— Après dîner, nous allâmes dans ce délicieux boudoir ; une seule lampe d’albâtre l’éclairait. C’était le temple des douces pensées… Et madame de Merci qui se mit à sa harpe et chanta !… Sa voix est presqu’aussi touchante que la tienne, Eugénie. Tel doit être le bonheur du ciel que de rêver au milieu d’une musique harmonieuse… Comme toujours, tu occupais mon imagination, mes songes étaient de toi, ma bien-aimée. Mais tout d’un coup madame de Merci se lève dans le plus grand trouble…

— Chantait-elle toujours ? demanda madame de Barènes.

— Non, depuis un moment elle avait cessé et était venue prendre place sur le divan.

— Oui, je comprends, près de vous ; et, tout en rêvant de moi, vous vous occupiez d’elle ?

— Il fallait bien lui parler !

— Sans doute, lui tenir de doux propos… J’ai donc deviné juste, monsieur ?

— Mais rien de plus !… bien vrai.

— Bien vrai ?

— Sur mon honneur, Eugénie.

— Allons, continuez.

— Quelqu’un marchait dans la chambre voisine, reprit M. de Barènes. Cachez-vous, s’écria madame de Merci, en me poussant dans un cabinet, ou je suis perdue. Avant que j’eusse pu proférer une parole, j’étais enfermé, et madame de Merci couchée sur le sopha que je venais de quitter. Je voyais au travers des vitres de la porte du cabinet. Tu t’attends à la venue de M. de Merci ? je le croyais aussi, et l’étrange conduite de sa femme m’était en quelque sorte expliquée par l’heure déjà avancée. Mais ce n’est pas lui qui parut cependant ; ce fut notre jeune voisin Achille de Ganay ; et au peu de surprise que l’on témoigna, je reconnus que c’était lui qu’on attendait. Je ne pus pas bien entendre leur conversation. Seulement je m’aperçus qu’à