Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
517
ROMANS CHEVALERESQUES.

la question générale à laquelle elles se rapportent, ne laissent pas d’être encore fort obscures et fort complexes. Si je puis essayer de les discuter et de les résoudre, ce n’est qu’en les abordant avec méthode et précaution, en les circonvenant, pour ainsi dire, de loin, afin d’en embrasser et d’en rapprocher les données éparses ; en les rattachant à des faits certains et connus, comme de strictes conséquences de ces faits.

Un fait de ce genre, qui n’est ni contestable, ni contesté, c’est que, de toutes les littératures du moyen âge, la française (dans laquelle je comprends celle des Anglo-Normands) est de beaucoup la plus riche en épopées chevaleresques. Il est également certain, également reconnu que c’est du français que la plupart de ces épopées ont été traduites ou imitées dans les autres langues de l’Europe. Il ne reste donc, pour répondre aux questions proposées, qu’à décider si les Provençaux n’ont pas fourni aux Français l’idée et la première rédaction des épopées dont il s’agit.

Pour parvenir, s’il se peut à ce résultat, j’essaierai de donner d’abord une idée générale des romans de Charlemagne et de la Table ronde ; j’en examinerai sommairement les matériaux et la forme, le caractère et l’esprit, sans préjuger la moindre chose relativement aux questions à résoudre, sans autre objet que de savoir d’abord ce que sont en eux-mêmes, et abstraction faite de leur origine, les romans dont il s’agit. — Je chercherai ensuite si les notions générales, résultant de ce premier examen, ne renferment pas des données sur la question particulière de savoir quelle est la part des Provençaux à l’invention et à la culture de l’épopée romanesque.

La première observation qui se présente, relativement aux romans chevaleresques du moyen âge, concerne la division qui en a été faite en deux grandes classes, ceux de Charlemagne et ceux de la Table ronde. Cette division a l’avantage d’être généralement admise ; elle est de plus fondée sur une distinction très réelle et très claire. — Il n’y a donc point de raison de la rejeter, et je n’hésite pas à l’admettre comme base des recherches subséquentes. Seulement, comme elle est trop générale, il