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La série des œuvres est maintenant épuisée. Il faut seulement ajouter à la liste précédente quelques pages sur lord Byron, remarquables par un goût sûr, et où, pour la première fois, le vrai caractère de don Juan et de Childe Harold est nettement défini ; avant Mérimée, personne, que je sache, n’avait trouvé dans le double aspect de son talent, la diffusion des idées et la concision du style, la raison de son impuissance épique et dramatique ; et aussi une notice biographique et littéraire sur Cervantes. Ce dernier morceau n’a rien de saillant, si ce n’est la profession de foi littéraire du biographe. C’est là que l’auteur énonce catégoriquement son opinion sur la rime et le mètre, et les déclare incompatibles avec le mouvement du dialogue. À cet égard, il me paraît se méprendre complètement ; des exemples imposans le réfuteraient ; et lui-même, s’il pouvait se résoudre à versifier quelquefois sa pensée, gagnerait peut-être une qualité qui lui manque, le développement : le mouvement de la période poétique le contraindrait à multiplier les formes de sa pensée.

Ses amis parlent d’un manuscrit de Cromwell, antérieur à Clara Gazul, mais seulement pour mémoire.

Quant à la biographie de Prosper Mérimée, elle est comme l’histoire des peuples heureux, elle n’existe pas. On sait seulement qu’il a été élevé dans un collége de Paris, qu’il a étudié la jurisprudence, qu’il a été reçu avocat, qu’il n’a jamais plaidé, et les journaux ont pris soin de nous apprendre qu’il est aujourd’hui secrétaire de M. le comte d’Argout.

Ceux qui le connaissent familièrement n’ont jamais vu en lui qu’un homme très simple, d’une instruction solide, lisant facilement l’italien et le grec moderne, parlant avec une pureté remarquable l’anglais et l’espagnol, préférant volontiers entre tous les livres les relations de voyages. Et c’est ce qui explique l’ubiquité de son esprit ; car il n’a jamais vu dans sa vie que l’Angleterre et l’Espagne. S’il est vrai, comme on le dit, qu’un séjour de quatre mois à Madrid, à Barcelonne, à Grenade et à Cadiz, pendant l’année 1830, l’a fait douter de lui-même, et désabusé de ses espérances littéraires ; si depuis qu’il a comparé