Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/706

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
706
REVUE DES DEUX MONDES.

mens ou de personnages. Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup d’apparence que les romanciers de cette classe, qui ajoutaient sans cesse de nouvelles fictions à celles déjà en vogue, missent beaucoup de scrupule à se conformer aux données de leurs devanciers. Il suffisait, pour ainsi dire, que le nom du roi Arthur se trouvât dans un roman, pour que ce roman fût classé parmi ceux de la Table ronde.

Quant au costume, à la géographie, à la filiation des personnages, toutes choses dont l’observance aurait peu coûté aux romanciers et aurait donné à leurs diverses productions un air de famille qui en aurait fait un vrai cycle, il y a plusieurs romans où l’on n’en trouve pas de vestige, et ce n’est qu’en prenant ce nom de cycle dans une signification très vague et très large, qu’on peut l’appliquer à des compositions dont plusieurs, sans le moindre rapport entre elles, ont été conçues et exécutées, à part l’une de l’autre, par des auteurs qui se piquaient peu de respecter les données bretonnes dans lesquelles s’étaient enfermés leurs devanciers. J’aurai à parler de divers romans de la Table ronde, dont le théâtre, autant qu’il est possible de le déterminer, est évidemment hors de la Grande-Bretagne, dans les parties méridionales de la France, et où il n’y a de breton que trois ou quatre noms propres dépaysés.

Toutes les scènes principales du plus ancien roman de Perceval se passent, comme nous verrons, dans les Pyrénées, et sont tout-à-fait étrangères à la Grande-Bretagne. L’absence de données historiques dans tous ces romans de la Table ronde est une des raisons du peu de connexion qu’il y a entre les uns et les autres.

Du reste, ce sont ceux de ces romans où il est question du saint graal, qui approchent le plus de ce que l’on peut appeler convenablement un cycle, et les seuls relativement auxquels il y ait lieu de faire, à ce sujet, quelques observations. Ce cycle particulier est, pour ainsi dire, double. Dans l’un, indubitablement le plus ancien, c’est la Gaule et la Gaule méridionale qui est le théâtre des aventures chevaleresques et des merveilles auxquelles donne lieu la présence du saint vase sur la terre. — Dans l’autre,