préciés par les marins ; Scipion n’était pas une exception. Après avoir compté tous les carreaux de l’appartement et les clous des fauteuils, il se leva, agita la sonnette qui était sur la console.
Un domestique parut.
— Dites à M. le commissaire que je veux lui parler.
— On ne parle pas à M. le commissaire après cinq heures ; il est cinq heures et un quart.
— Je vous dis que je veux lui parler, sinon j’entrerai dans le salon, où je l’entends dîner, sans me faire annoncer.
— Qu’êtes-vous ?
— Marin. Annoncez un marin.
— Votre grade ?
— Aurons-nous bientôt fini. — Corsaire.
Scipion poussa le domestique par les épaules dans le salon, où l’on entendit, quelques minutes après, une légère rumeur.
— Monsieur, dit en revenant le domestique, M. le commissaire donne audience de dix à onze heures, le mardi de chaque semaine, à ceux qui réclament des renseignemens ; de onze à midi, le mercredi, à ceux qui demandent du service ; et le jeudi, de deux à quatre, à ceux qui sollicitent leur retraite. Ainsi vous avez trois jours dans la semaine. Voyez dans quelle catégorie vous vous trouvez. — J’ai l’honneur de vous saluer. —
— Tonnerre ! s’écria Scipion ! c’est aujourd’hui vendredi ? j’attendrai donc quatre jours pour révéler au commissaire la présence du contrebandier dans la rade !
Il reprit la sonnette, et l’agita violemment.
Le domestique reparut.
— Voulez-vous bien retourner à votre maître et lui dire, puisqu’il ne veut pas me donner une audience, que le contrebandier anglais est en vue, que dans une heure il sera nuit, et que dans quatre la cargaison sera débarquée, s’il n’y met empêchement.
Le domestique obéit. Il se rappelait le geste volontaire de Scipion.
Il revint très poliment dire que M. le commissaire le remerciait beaucoup de son avis, quoiqu’il ne l’eût pas attendu pour