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varient entre elles par les accessoires et les détails, mais roulant toutes sur un même fond primitif, n’étant toutes que le développement des mêmes situations principales.

Sans prétendre avoir fait un compte exact de ces différentes rédactions, j’en puis indiquer sept, dont les unes existent encore aujourd’hui en entier, tandis que l’on n’a des autres que des fragmens plus ou moins longs. De ces rédactions soit entières, soit incomplètes, deux sont en prose et cinq en vers. Toutes sont imprimées, les unes déjà depuis long-temps, les autres depuis des époques récentes, de sorte qu’il n’y a aucune difficulté particulière à se les procurer toutes pour les étudier et les comparer. Voici, avant de passer outre, la liste de ces sept différentes rédactions de la fable chevaleresque de Tristan, avec quelques désignations suffisantes pour les distinguer entre elles.

1o Une rédaction anglo-normande en prose, généralement attribuée à Luce, seigneur de Gast, près de Salisbury.

2o Une abréviation allemande aussi en prose, qui paraît avoir eu pour base la rédaction précédente.

3o La rédaction en vers de Godefroy de Strasbourg, un des minnesinger les plus distingués de son temps.

4o La rédaction écossaise de Thomas d’Erceldoun, en stances symétriques de onze vers chacune.

Restent trois fragmens des trois autres rédactions en vers, toutes trois en français.

Deux de ces fragmens, dont le plus long est d’environ mille vers, ont été tirés d’un manuscrit de M. Donce, savant Écossais, possesseur d’une bibliothèque riche en raretés.

Le troisième fragment, appartenant à une septième rédaction du Tristan, a été publié d’après un manuscrit de la Bibliothèque du roi, à Paris. — C’est le plus considérable des trois ; il a près de quatre mille cinq cents vers.

Que ces sept diverses versions ou rédactions du roman de Tristan ne soient pas les seules qui aient existé ou qui existent peut-être encore, c’est ce que nous verrons mieux tout à l’heure. Tenons-nous-en, pour le moment, aux sept que je viens d’indiquer. Aucune ne renferme en elle des particularités, des mar-