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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/221

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LE CLOU DE ZAHED.

seul Hamdoun, tu peux le combler ! C’est mon bonheur, c’est ma vie que tu tiens entre tes mains ! Hamdoun ! pour la dernière fois, sois généreux envers moi, et je jure que tu n’auras rien à redouter désormais. Autrefois j’enviais tes richesses, tes palais, ta vie de luxe et de repos ; maintenant c’est ta femme que j’envie, c’est ton Ildiz aux yeux célestes, c’est elle qu’il me faut pour ne pas mourir d’amour et de desespoir. Donne-la moi, et je me retire avec elle sous la tente des Arabes mes frères, et jamais tu ne me reverras venir troubler ton repos. Tu ne me réponds pas, le sourire du mépris est sur ta bouche ! Hamdoun, livre-moi ta femme, ou enfonce-lui ce poignard dans le sein. C’est mon dernier mot ; choisis, ou je te poignarde toi-même !

— Hamdoun ! cria la belle lldiz en se traînant sur ses genoux meurtris auprès du lit nuptial ! Hamdoun, tue-moi plutôt que de me livrer à cet infâme !

— Eh bien ! dit Zahed en tirant son khandjiar de son fourreau d’argent, Hamdoun as-tu choisi ?

— Donne, répondit froidement Hamdoun, en laissant tomber un regard sur cette femme échevelée. Ildiz ouvrit ses bras pour serrer son mari contre son cœur ; elle retomba dans une marre de sang avec un poignard dans le sein.

— Es-tu satisfait, Zahed ?

— Je le suis. Au moins tu ne la posséderas plus.

— Retire-toi donc, infâme !

— Je me retire, mais tu n’as pas oublié que ce clou m’appartient. Et d’un coup de sabre le barbare trancha la belle tête d’Ildiz qu’il suspendit au clou par les cheveux.

— Adieu maintenant, brave Hamdoun ! si tu en as le courage, reste dans cette chambre auprès de cette tête que tu as tant aimée. Je te déclare que jusqu’au moment où l’air aura rongé ces chairs maintenant si fraîches et si rosées, jusqu’au moment où ces ossemens blanchis tomberont d’eux-mêmes en pourriture, cette tête restera là, et tu la regarderas comme tu regardais tout à l’heure la tête du vieillard, sinon je fais valoir notre contrat devant la justice.

— Zahed ! interrompit Hamdoun, suffoqué par ses sanglots, Dieu m’a puni en me frappant avec ton bras. Écoute, je te pro-