Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
REVUE DES DEUX MONDES.

faire justice eux-mêmes en abolissant les formes de gouvernement auxquelles ils sont accoutumés. Mais, lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, prouve évidemment le dessein d’écraser un peuple sous le joug d’un despotisme absolu, alors il a le droit, c’est même un devoir pour lui, de renverser un pareil ordre de choses et de confier son avenir à d’autres mains[1]. » Il n’y a pas de sophisme qui puisse ébranler le bon sens de ces paroles ; c’est la conscience du peuple et du genre humain dans ce qu’elle a de plus simple et de plus évident ; c’est le redressement de la théorie du christianisme sur l’obéissance absolue ; c’est la déclaration écrite des progrès de l’humanité. Il y a donc eu, depuis saint Paul jusqu’à Jefferson, un aggrandissement de l’esprit et du cœur de l’homme ; depuis l’enthousiaste de la route de Damas jusqu’au fondateur de l’indépendance américaine, l’homme est devenu successivement plus pur, plus profond, plus réfléchi, plus libre, plus intelligent. Ainsi donc il n’y a pas jusqu’aux propositions du christianisme qui ne reçoivent du temps des commentaires plus larges ou des corrections nécessaires ; autrement, c’est mettre

  1. Cette déclaration solennelle est suivie de la série des griefs des États-Unis contre l’Angleterre, et se termine par ces mots : En conséquence, nous représentans des États-Unis, assemblés en congrès général, en appelant au juge suprême de l’univers qui connaît la droiture de nos intentions, nous publions et déclarons solennellement, au nom et de l’autorité du bon peuple de ces colonies, que ces colonies sont et ont droit d’être des états libres et indépendans ; qu’elles sont dégagées de toute obéissance envers la couronne de la Grande-Bretagne ; que toute union politique entre elles et l’état de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement rompue ; et que, comme états libres et indépendans, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, d’établir le commerce et de faire tous les autres actes ou choses que les états indépendans peuvent faire et ont droit de faire. Et pleins d’une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette déclaration notre vie, nos biens et notre honneur, qui nous est sacré. »

    (Déclaration de l’indépendance par les représentans des États-Unis d’Amérique, assemblés en congrès, le 4 juillet 1776.)