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pas une cour moins assidue à Nathalie qu’à la Bayadère et à la Sylphide.

Une planche importante, qui vient d’être récemment publiée, mérite à tous égards d’être recommandée. C’est Daphnis et Chloé dans la grotte des nymphes, par M. Richomme, de l’Institut, d’après le tableau de Gérard. Rien n’est pur et naïf, rien n’est suave et gracieux comme l’expression de cette belle gravure, dont l’exécution est d’ailleurs irréprochable. Jamais le burin consciencieusement classique de M. Richomme n’avait été plus heureux et mieux inspiré.

L’appel réitéré fait par le père suprême à la femme, n’a pas été stérile, nous sommes heureux de pouvoir enfin annoncer cette grande nouvelle à nos lecteurs. La femme libre commence à poindre, et ce qui est une heureuse préparation, ce qui assure l’avénement prochain de la messie, la femme nouvelle, a déjà surgi, l’apostolat des femmes est fondé.

Oui, je vous le dis en vérité, l’apostolat des femmes a été fondé tout récemment rue du Caire, 17, à l’entresol, par Jeanne-Désirée, Suzanne, Joséphine-Félicité, et Christine-Sophie, toutes femmes jeunes et prolétaires, dévouées à l’amélioration du sort de leur sexe, sous la présidence de Marie-Reine. Ce sont là les noms des dames fondatrices qui ont élevé la bannière de la Femme nouvelle, leurs noms de baptême au moins ; les seuls auxquels elles répondent.

Lesdites dames ne se sont pas d’ailleurs bornées à élever cette bannière, elles ont aussi publié divers manifestes, dans lesquels elles préviennent le monde de leur constitution définitive, et lui révèlent le but de leur mission.

L’héritier de Saint-Simon, le père suprême avait dit : femmes vous êtes libres ; cherchez donc avec moi, les nouveaux rapports qu’il convient d’établir entre vous et moi.

Les femmes nouvelles ne se le sont pas fait dire deux fois par le père. Elles ont pris au bond la liberté qu’il leur envoyait, et se mettant d’abord à chercher quels nouveaux rapports, il convenait d’établir entr’elles et l’homme, voici ce qu’elles ont trouvé de mieux pour le moment, ainsi que cela résulte de leurs manifestes.

La mère Marie-Reine, la présidente, déclare, avant tout, que les femmes nouvelles ont fondé l’apostolat, sans autre ressource que celle de leur aiguille, ce qui ne laissait pas d’offrir beaucoup de difficultés.

Je le crois de reste. Il eût été, sans doute, bien plus aisé pour elles de fonder un magasin de lingerie. Mais ces femmes nouvelles sont d’habiles ouvrières. Elles ont conquis leur indépendance à la pointe de l’aiguille. Elles se sont affranchies de la domination de l’homme, en lui faisant des chemises.