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tier[1], qui les emploie à porter ses ordres partout où cela est nécessaire. Cette corvée est peu préjudiciable à ceux qui sont établis dans le voisinage ; mais il n’en est pas de même pour les autres, qui demeurent au-delà des sauts. Il leur faut long-temps dans la saison des pluies, lorsqu’elles ont gonflé la rivière, pour regagner leurs habitations ; et si leur tour arrive pendant la belle saison, époque à laquelle ils font leurs abatis, et réparent leurs carbets pour l’hivernage, ces derniers travaux souffrent nécessairement de leur absence.

Ces Indiens, au reste, sont très-peu nombreux, et appartiennent à diverses nations dont ils sont les derniers débris. On trouve dans les récits des missionnaires et des anciens auteurs qui ont écrit sur la Guyane, les noms d’une foule de peuplades qui sont aujourd’hui tout-à-fait inconnues. Barrère[2] seul en compte cinquante-six qu’il donne comme habitant le littoral et l’intérieur du pays, jusqu’à une distance qu’il ne désigne pas ; mais il est probable qu’il n’avait vu des individus que d’un petit nombre d’entre elles. Il confond les nations des bords de l’Amazone avec celles de la Guyane française, et il est évident qu’il a puisé dans les relations des missionnaires ce qu’il dit de leurs mœurs et de leurs usages. Depuis ces derniers, on a ajouté peu de chose aux faits qu’ils avaient observés, et il faut convenir que, sous ce rapport seul, la destruction de leur Mission est une perte irréparable, sans parler de la civilisation des Indiens et de la géographie de l’Amérique, soit qu’ils s’occupassent eux-mêmes de cette dernière, soit à cause des secours qu’ils donnaient aux voyageurs, que leur zèle pour les sciences conduisait dans ces pays inconnus. Sans les Missions du Haut-Orénoque, M. de Humboldt n’aurait peut-être jamais pu exécuter son périlleux voyage.

Quoi qu’il en soit, les seules nations de la Guyane française

  1. La Guyane française est divisée en douze quartiers, dont chacun a son commandant assisté d’un lieutenant, et nommé par le gouverneur. Ils remplissent les fonctions d’officiers de l’état civil, veillent à la police, etc. Leurs fonctions sont honorifiques.
  2. Nouvelle relation de la France équinoxiale.