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IX.

LA COURSE.



Pauvre Ralff !… dit le sire de Gyac.


Nous avons dit qu’aussitôt que le sire de Gyac avait vu le duc mort, il avait quitté le pont.

Il était sept heures du soir, le temps devenait sombre, la nuit s’avançait ; il détacha son cheval, qu’il avait laissé au moulin dont nous avons parlé, et reprit seul le chemin de Bray-sur-Seine.

Malgré le froid très-vif qui se faisait sentir, malgré l’ombre qui, d’instant en instant, devenait plus épaisse, cheval et cavalier ne marchaient qu’au pas. De Gyac était absorbé dans de sombres pensées ; la rosée de sang n’avait pas rafraîchi son front ; la mort du duc n’avait accompli que la moitié de ses désirs de vengeance, et le drame politique dans lequel il venait de jouer un rôle si actif, achevé pour tout le monde, avait, pour lui seul, un double dénoûment.

Il était huit heures et demie quand le sire de Gyac arriva à Bray-sur-Seine. Au lieu de rentrer par les rues du village, il en fit le tour, attacha son cheval au mur extérieur d’un jardin, en ouvrit la porte, pénétra dans la maison, et monta à tâtons un escalier étroit et tournant qui conduisait au premier étage. Arrivé à la dernière marche, la lumière qui glissait à travers une porte entr’ouverte, lui indiqua la chambre de sa femme. Il s’avança