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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/382

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LUCRÈCE BORGIA.

§ I. — L’HISTOIRE.


Si les réflexions qui vont suivre paraissent à M. Hugo, et à ses amis, sévères au-delà de toute prévision ; si mon opinion sur Lucrèce Borgia semble contredire le jugement que j’ai porté sur le drame représenté en novembre dernier, je les prie de croire qu’il n’a pas dépendu de moi d’apporter plus d’indulgence et de réserve dans l’expression de ma pensée. Je parlerai sincèrement, sans déguiser, sans atténuer mes répugnances. Mais comme je prendrai soin de les expliquer, et si je puis, de les démontrer, on verra facilement, je l’espère, qu’en publiant mon avis personnel, je n’entends protester ni contre le succès du 2 février, ni contre l’avenir dramatique du poète, absolument parlant.

De ses deux premiers poèmes destinés au théâtre j’ai conclu qu’il n’emprunterait jamais à l’histoire que le baptême de ses idées, et qu’il ne se ferait jamais scrupule d’assouplir la réalité traditionnelle au gré de sa fantaisie ; qu’il lui arriverait rarement de consentir à prendre, dans les récits du passé, l’horizon ou le cadre de ses