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REVUE DES DEUX MONDES.

— Je m’étonne bien peu, dis-je.

— Oh ! cependant, si je vous contais comment j’ai quitté la mer, nous verrions.

— Eh bien ! repris-je, pourquoi n’essayez-vous pas, cela nous réchauffera, et cela me fera oublier que la pluie m’entre dans le dos et ne s’arrête qu’à mes talons.

Le bon chef de bataillon s’apprêta solennellement à parler avec un plaisir d’enfant. Il rajusta sur sa tête le shako couvert de toile cirée, et il donna ce coup d’épaule que personne ne peut se représenter s’il n’a servi dans l’infanterie, ce coup d’épaule, que donne le fantassin à son sac pour le hausser et alléger un moment son poids ; c’est une habitude du soldat qui, lorsqu’il devient officier, devient un tic. Après ce geste convulsif, il but encore un peu de vin dans son coco, donna un coup de pied d’encouragement dans le ventre du petit mulet, et commença.


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