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NOTICE SUR COTTA.

L’Allemagne a fait une grande perte dans les derniers jours de l’année 1832 par la mort du célèbre libraire, Jean-Frédéric de Cotta, qui a succombé après une courte maladie, le 29 décembre 1832. Il est mort emportant l’estime et les regrets de ses compatriotes, surtout des Wurtembergeois qui retiraient de grands fruits de ses entreprises et de ses travaux. Cotta était né à Tubingue en 1764. Il essaya successivement de toutes les professions ; d’abord théologien, puis militaire, ensuite précepteur d’un prince polonais, il finit par se faire recevoir avocat à Tubingue, où il suivit pendant quelque temps la carrière du barreau. En 1787, son père le plaça à la tête de sa maison de librairie. Cotta eut dès le premier moment à lutter contre des embarras financiers devant lesquels tout autre aurait reculé, mais il surmonta les difficultés de sa position, grâce à son activité et à son talent pour les affaires. En peu d’années, il était entré en relation avec les littérateurs allemands les plus distingués, et avait entrepris plusieurs importantes publications qui ne tardèrent pas à placer sa maison de librairie au premier rang parmi les établissemens de ce genre que possédait alors l’Allemagne. Cotta fut le libraire et l’ami de presque tous les grands écrivains de son pays, et il mérita leur reconnaissance par les sacrifices pécuniaires qu’il sut souvent faire pour eux, lorsqu’ils se trouvaient dans des positions difficiles. Il savait deviner les hommes supérieurs et encourager cette modestie craintive que l’on trouve souvent, en Allemagne, réunie au talent et même au génie ; je pourrais citer plusieurs ouvrages remarquables qui, sans le zèle de Cotta, seraient restés enfouis dans le portefeuille de leurs auteurs et auraient été perdus pour la littérature et pour la patrie. Pour énumérer