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habitués en France à tout considérer sous le point de vue pratique et politique ; c’est une tendance que nous a léguée la philosophie du dernier siècle. Les reproches, fort erronés, que l’on fait ordinairement chez nous à l’Allemagne, se rattachent à cette fausse manière de considérer les choses. Il semble qu’il y ait entre la France et l’Allemagne la différence qui sépare le mouvement de l’état de veille, et la torpeur du sommeil. On reproche à la nation allemande du panthéisme une inaction orientale ; on oublie quelle activité ont chez elle les intelligences ; on oublie que si la France a pris l’initiative dans la politique, l’Allemagne l’a eue pour la science presque en tout temps. C’est de l’Allemagne que sont sorties les inventions de la renaissance, et aujourd’hui encore elle est peut-être au premier rang des nations européennes pour le mouvement scientifique et littéraire. Dans l’espace d’une année, il se produit en Allemagne plus de systèmes et plus de débats religieux, philosophiques et littéraires que la France n’en voit naître en dix ans. L’activité intellectuelle de l’Allemagne est aussi incontestable que l’activité politique de la France, et une vie comme celle de Cotta suffirait seule pour en donner la preuve.


Amédée Prévost.