Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


POÉSIE


D’ANTONY DESCHAMPS.

On a usé d’une figure pittoresque et juste à la fois pour peindre les quinze années qui viennent de s’écouler ; on a dit que c’était comme une terrasse où la France, épuisée des secousses de la révolution et des courses militaires de l’empire, avait fait halte, avant de reprendre sa marche vers l’avenir. En effet, tant de choses, et presque en passant, avaient été changées ou détruites, tant d’autres subitement créées, qu’il était bon de se reconnaître et de prendre haleine dans ce vaste champ d’innovations. Ainsi, au lieu de ce mouvement envahisseur qui, dans la ferveur d’une idée nouvelle, nous avait, durant un quart de siècle, poussés à travers l’Europe, il s’opéra chez nous un mouvement concentrique, tout de méditation et de pensée. Comme après les glorieux revers de Louis xiv naquirent les études philosophiques du dix-huitième siècle, nous revînmes, après les désastres de 1815, aux pacifiques enseignemens de la philosophie. Cette fois pourtant il arrivait, et par la direction même que les faits imprimaient à la pensée, et peut-être encore par l’impossibilité de trouver une carrière inexplorée à ses investigations, que la philosophie se montrait plutôt explicative que dogmatique, pactisante plutôt qu’agressive. La conciliation qui, d’autorité ou de guerre lasse, liait entre eux les divers intérêts de la société, essayait aussi de rapprocher les tendances les plus divergentes de la philosophie. L’Allemagne pro-