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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/225

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MÉLANGES.

dans les premiers mois après la naissance. Chez le couguar américain (felis concolor), cette livrée du jeune âge reste au moins jusqu’à la troisième année ; chez presque toutes les autres espèces, elle persiste jusqu’à la mort.

Dans l’espèce ou les espèces du jaguar, car je penche à croire qu’il y en a deux distinctes, il naît quelquefois des individus noirs ; quelquefois aussi, mais plus rarement, il en naît de tout blancs, de véritables albinos, et cela constitue, comme l’a très bien vu d’Azzara, deux sortes de monstruosités, mais non pas deux espèces d’animaux différentes du jaguar à robe fauve. Eh bien ! chez ces individus blancs ou noirâtres, les taches, quoique très peu apparentes, se marquent encore par une teinte un peu plus foncée.

J’ai dit que chez toutes les espèces, les taches étaient toujours plus obscures que le fond : cette loi ne souffre point d’exception pour les types normaux ; mais il y a un cas de monstruosité qui s’est propagé par la génération, de manière à constituer une variété, et où c’est justement l’opposé. Dans la Colombie, aux environs de la ville de Pore et dans un espace compris entre cette ville et la Cordillière, on trouve un couguar dont le fond de la robe a la couleur rousse ordinaire, mais dont les taches, au lieu d’être d’un roux plus foncé, sont blanches. Aucun naturaliste n’a, je crois, signalé cette variété, et dans la Colombie même elle est très peu connue. Hors du canton, je n’ai trouvé que trois personnes qui eussent vu de ces tigres de Pinta-Blanca, comme on les appelle : le majordome d’une ferme, le supérieur des missions des Augustins dans les Llanos, et le général J. Paris. Tous les trois, quand je leur demandai où ils avaient vu l’animal, me nommèrent des lieux compris dans l’espace que j’ai indiqué, c’est-à-dire dans les environs des villages de Morcote, Nunchia, Pie-de-Cuesta, etc.

À côté du genre des chats, il y a un petit sous-genre qui s’en distingue en ce qu’il est presque complètement privé de la faculté de retirer ses ongles, de faire patte de velours : c’est le guépard ou tigre chasseur (felis jubata). Nous en avons vu un à Paris, il y a deux ans, dans la ménagerie de M. Martin, mais il était chétif, souffrant, et ne pouvait guère donner une idée de cette belle espèce. François Ier avait un guépard dont il se servait pour la chasse, et qu’un