Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
ANDRÉ DEL SARTO.
UN DOMESTIQUE.

Maître, on vient de tuer Grémio ; le meurtrier est dans la maison. On l’a vu entrer par la poterne.

(Cordiani se retire dans la foule.)
ANDRÉ.

Des armes ! des armes ! prenez ces flambeaux, parcourez toutes les chambres ; qu’on ferme la porte en dedans.

LIONEL.

Il ne peut être loin. Le coup vient d’être fait à l’instant même.

ANDRÉ.

Il est mort ? mort ? où est donc mon épée ? Ah ! en voilà une à cette muraille.

(Il va prendre une épée. Regardant sa main.)

Tiens ! c’est singulier ; ma main est pleine de sang. D’où me vient ce sang ?

LIONEL.

Viens avec nous, maître ; je te réponds de le trouver.

ANDRÉ.

D’où me vient ce sang ? ma main en est couverte. Qui donc ai-je touché ? je n’ai pourtant touché que, tout-à-l’heure… Éloignez-vous ! sortez d’ici !

LIONEL.

Qu’as-tu, maître ? pourquoi nous éloigner ?

ANDRÉ.

Sortez ! sortez ! laissez-moi seul. C’est bon ; qu’on ne fasse aucune recherche, aucune, cela est inutile ; je le détends ; sortez d’ici ! tous ! tous ! obéissez, quand je vous parle.

(Tous se retirent en silence.)
ANDRÉ, regardant sa main.

Pleine de sang ! je n’ai touché que la main de Cordiani !



FIN DU PREMIER ACTE.