Tout à coup elle s’arrête, il fallait franchir un tronc d’arbre unissant deux roches.
— Qui vous fait peur, Beata ?
— Rien, mais je ne puis passer.
— C’est un enfantillage, vous avez bien passé en allant.
— Le torrent m’étourdit.
— Donnez-moi la main.
— La voilà.
— Prenez garde, nous tombons…
— Pardonnez-moi, Henri !…
Oh ! méprise qui voudra le cœur des femmes, c’est le plus pur limon qu’ait pétri la main de Dieu. Rien n’est sublime comme de voir la nature des anges servir à deux genoux la force humaine, de voir les femmes se faire un bonheur de la souffrance, et tourner pour elles seules le calice amer qui passe à la bouche des hommes. C’est toujours pour elles la continuation des angoisses du Sauveur ; c’est l’agonie immense et acceptée avec joie au jardin des Olives. — Pauvres femmes ! méprise qui voudra vos nobles cœurs ; s’il y a un paradis, votre place y sera plus belle que la nôtre, et s’il est une justice, elle sera plus indulgente pour vos crimes que pour nos fautes.