aux portes de Brunn, capitale de la Moravie, où sont enfermés habituellement trois cents malfaiteurs de toute espèce. C’est dans cette horrible demeure que le poète a passé huit longues années, de ces années viriles qui n’ont point d’équivalent dans une vie d’homme. C’est là que gémissent encore de nombreuses victimes, entre autres, l’illustre Confalonieri, le premier jurisconsulte de l’Italie. Que ceux qui nous vantent, comme M. de Montbel, la douceur et la bénignité du régime impérial, veuillent bien nous dire si le sauvage qui brûle son ennemi à petit feu, n’est pas plus humain que les hommes qui ont inventé le régime auquel est soumise la prison du Spielberg. Je n’hésiterais pas à prononcer en faveur du premier. On dit que quelques adoucissemens y ont été apportés depuis peu : que cela soit pour l’honneur de l’Autriche ! La grâce de Pellico et de son ami Maroncelli arriva le 1er août 1830, et par une singulière coïncidence elle avait été signée le jour même qu’éclata à Paris la révolution de juillet.
Pellico vit aujourd’hui retiré dans le sein de sa famille à Turin. Outre les mémoires de sa captivité, il a publié récemment un volume de poèmes et un autre de tragédies, composés tous deux au milieu de circonstances qui eussent abattu toute autre âme que la sienne. Une de ces tragédies, Gismonda, a été représentée sur le théâtre de Turin au milieu d’unanimes applaudissemens. Après la troisième représentation, le ministre autrichien s’adressa au gouvernement sarde pour qu’elle fût défendue, et le roi de Sardaigne, fidèle à son système d’obéissance aux ordres de la cour de Vienne, donna aussitôt des ordres en conséquence. Le sujet de cette pièce était tiré des guerres du douzième siècle entre les impériaux et les Milanais, guerres pendant lesquelles Milan fut entièrement détruite par les premiers. L’auteur a voulu montrer aux Italiens la folie de leurs dissensions civiles, et la nécessité de s’unir contre les étrangers. On conçoit facilement qu’un pareil sujet a dû déplaire au gouvernement autrichien.
Lorsque parut l’ouvrage de mistress Trollope, sur les mœurs domestiques des Américains, la Revue le fit connaître à ses lecteurs par de nombreux extraits, sans prétendre en rien se rendre complice des opinions avancées par l’auteur. Depuis lors, d’innombrables réclamations se sont élevées contre le livre en question, non-seulement de l’autre côté de l’Atlantique, mais encore parmi les compatriotes de mistress Trollope. La langue anglaise s’est même enrichie, à cette occasion, d’un terme nouveau, du mot trol-