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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/371

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HISTOIRE DES ANCIENS PEUPLES ITALIENS.

composées des chefs du gouvernement, était la grande affaire de la guerre ou de la paix, la réception des ambassadeurs, les traités d’alliance, et tout ce qui concernait la sûreté de l’union. Mais si les droits de la souveraineté, dans leurs rapports avec la défense commune, appartenaient naturellement au conseil commun de la confédération, ce n’était pas une faible cause de troubles, que ces mêmes droits fussent ensuite exercés sans aucune limite, séparément par chaque peuple, en tout ce qui concernait ses affaires privées. C’est ainsi que quelques peuples sabins, les Ceninesiens, les Crustumeniens et les Antennates, se mirent, dit-on, en devoir de repousser, sans attendre le secours de leurs alliés, les premières injures des Romains. Plusieurs villes d’Étrurie soutinrent, durant des siècles, des guerres particulières, comme ceux d’Anagni parmi les Herniques, malgré le vœu de la ligue. Tusculum se sépara de la même manière de l’union latine, et Sutri de celle des Toscans, sans qu’on pût l’empêcher par une autre voie que celle des armes. Et voilà comment, dès l’origine, chaque confédération des tribus italiques portait en soi un germe de faiblesse, parce que le lien qui en unissait les divers membres étant impuissant à les constituer en un seul et même corps, chaque cité, lente à se mouvoir, et facilement soustraite à l’autorité commune, tombait sous l’influence des ambitions individuelles, qui produisaient souvent des ruptures et des discordes[1]. »

Ce mode de gouvernement ressemblait fort au fond à celui des États-Unis américains ; seulement, dans celui-ci, le pouvoir central possède plus de force, bien qu’on puisse douter qu’il en ait assez pour maintenir long-temps l’union dont il est le lien. Avec de nombreux avantages, les états fédératifs manquent d’unité de pensée et d’unité de vie, et c’est pourquoi ils se dissolvent aisément et font rarement de grandes choses. Toutefois, ce genre de gouvernement est quelquefois inévitable, lorsque entre des populations qui ne peuvent subsister qu’unies, il existe trop de dissimilitudes pour qu’elles puissent être soumises sans oppression à des lois de tout point uniformes.

L’Étrurie, organisée selon des idées mystiques, et assujétie à une

  1. Tome ii, p. 67 et seq.