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LES CAPRICES DE MARIANNE.

CLAUDIO.

Ne me poussez pas à quelque fâcheuse extrémité par vos extravagances, et réfléchissez à ce que vous faites.

MARIANNE.

À quelle extrémité voulez-vous que je vous pousse ? Je suis curieuse de savoir ce que vous feriez ?

CLAUDIO.

Je vous défendrais de le voir, et d’échanger avec lui aucune parole, soit dans ma maison, soit dans une maison tierce, soit en plein air.

MARIANNE.

Ah ! ah ! vraiment ! Voilà qui est nouveau ; Octave est mon parent tout autant que le vôtre ; je prétends lui parler quand bon me semblera, en plein air ou ailleurs, et dans cette maison, s’il lui plaît d’y venir.

CLAUDIO.

Souvenez-vous de cette dernière phrase que vous venez de prononcer. Je vous ménage un châtiment exemplaire, si vous allez contre ma volonté.

MARIANNE.

Trouvez bon que j’aille d’après la mienne, et ménagez-moi ce qui vous plaît. Je m’en soucie comme de cela.

CLAUDIO.

Marianne, brisons cet entretien. Ou vous sentirez l’inconvenance de s’arrêter sous une tonnelle, ou vous me réduirez à une violence qui répugne à mon habit. (Il sort.)

MARIANNE, seule.

Holà ! quelqu’un !

(Un domestique entre.)

Voyez-vous là-bas dans cette rue ce jeune homme assis devant une table, sous cette tonnelle ? Allez lui dire que j’ai à lui parler, et qu’il prenne la peine d’entrer dans ce jardin. (Le domestique sort.) Voilà qui est nouveau ! Pour qui me prend-on ? Quel mal y a-t-ii donc ? Comment suis-je donc faite aujourd’hui ? Voilà une robe affreuse. Qu’est-ce que cela signifie ? — Vous me réduirez à la violence ! Quelle violence ? Je voudrais que ma mère fût là. Ah,