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REVUE DES DEUX MONDES.

ROSETTE (achevant de la coiffer pour la nuit et de lui ôter sa toilette de cour).

Onze heures et demie, madame, et M. le chevalier…

LA DUCHESSE.

Il ne viendra plus à présent. Il a bien fait de ne pas venir aujourd’hui. — J’aime mieux ne pas l’avoir vu. J’ai bien mieux pleuré. —

Chez qui peut-il être allé ? — À présent, je vais être bien plus jalouse ; à présent que je suis si malheureuse ! — Quels livres m’a envoyés l’abbé ?

ROSETTE.

Les contes de M. l’abbé de Voisenon.

LA DUCHESSE.

Et le chevalier ?

ROSETTE.

Le petit Carême et l’Imitation.

LA DUCHESSE.

Ah ! comme il me connaît bien ! Sais-tu, Rosette, que son portrait est bien ressemblant ! Tiens, il avait cet habit-là quand la reine lui a parlé si long-temps, et pendant tout ce temps-là, il me regardait de peur que je ne fusse jalouse. Tout le monde l’a remarqué. Oh ! il est charmant ! (Soupirant.) Ah ! que je suis malheureuse, n’est-ce pas, Rosette !

ROSETTE.

Oh ! oui, madame.

LA DUCHESSE.

Il n’y a pas de femme plus malheureuse que moi sur toute la terre.

ROSETTE.

Oh ! non, madame.

LA DUCHESSE.

Je vais me coucher Laissez-moi seule, je vous rappellerai…

(Rosette sort.)

Je vais faire mes prières.