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mai 1818. Là, M. Duvaucel rencontra M. Diard, jeune médecin envoyé par le Muséum d’histoire naturelle, dans ces riches contrées, et qui venait d’y débarquer depuis peu de temps. Il se joignit à lui, et tous deux furent s’établir à Chandernagor, où leur activité fut couronnée d’un tel succès, que, dans peu de mois, ils se trouvèrent à même de faire au Jardin du roi plusieurs envois, contenant, entre autres choses rares ou nouvelles, un squelette du dauphin du Gange ; le dessin et la description du tapir de Sumatra, pris sur un individu vivant, appartenant à lord Moira ; un jeune bouc du Cachemire, vivant, etc., etc.

Nos deux voyageurs se préparaient à partir pour l’intérieur, lorsque sir Stamford Raffles, gouverneur de Bencowlen dans l’île de Sumatra, et chargé d’une mission politique pour plusieurs points du détroit de Malacca, leur proposa de l’accompagner et de s’établir à Bencowlen, sous la condition que la moitié du produit de leurs recherches appartiendrait à la compagnie des Indes, qui se chargeait de tous les frais. La proposition fut acceptée, et nos naturalistes arrivèrent à leur destination après avoir visité Poulo-Pinang, Sincapour, Achem, Malacca, etc. Peu de temps après, sir Stamford Raffles, profitant du sens obscur d’un article du traité passé avec eux, réclama pour la compagnie la presque totalité des récoltes scientifiques faites pendant le voyage, et le tribunal de Bencowlen, devant lequel fut porté l’affaire, décida en faveur de la forme contre l’équité naturelle. Ainsi dépouillés en grande partie de la part qui leur revenait dans les fruits de leurs travaux, les deux amis quittèrent Sumatra à la fin de 1819, en prenant chacun une direction différente. M. Diard se dirigea sur la Cochinchine, et M. Duvaucel retourna au Bengale. Les nombreux envois que reçut bientôt le Muséum attestèrent l’ardeur avec laquelle il avait repris ses recherches.

Vers le milieu de l’année 1821, M. Duvaucel partit pour explorer le Sylhet, contrée peu connue des Anglais eux-mêmes : il visita une partie du Côsiah, et fut le premier Européen qui pénétra dans la caverne de Boubonne (Bhûvana), dont il a donné une bonne description. Exposé sans cesse, pendant ce voyage, à l’influence d’un climat malsain, il gagna, dans les profondes forêts du Sylhet, la fièvre connue dans le pays sous le nom de jungle fever, qui l’obligea de revenir à Calcutta, où il arriva avec d’immenses collections en tout genre.

L’année suivante, il partit pour visiter le Nepaul, mais diverses circonstances l’empêchèrent de pénétrer aussi loin qu’il avait l’intention de le faire. Il revint dans la province de Benarès, où il passa, tant à Benarès même qu’à Gurack, près d’une année qui accrut prodigieusement ses richesses zoologiques. Sa santé s’altérait de plus en plus dans ces fatigues conti-