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Titus Clodius, fit rendre une loi qui lui enlevait son pouvoir[1]. On la rétablit[2] ; mais la censure n’avait plus d’autorité, depuis que la vertu avait perdu la sienne. Son nom, conservé quelque temps sous les empereurs, ne fut qu’une honte de plus. Puis, le nom même fut trouvé importun et aboli comme un remords. Enfin, quand Arcadius voulut tardivement rétablir cette dignité d’un autre âge, le sénat décrépit de son temps eut peur de ce fantôme et le repoussa. Ainsi finit cette institution qui ne pouvait convenir qu’à des mœurs vigoureuses, telles que celles que nous a présentées dans son principe la république romaine. Nous sommes arrivés au moment où ces mœurs vont changer sans retour. Suivons ces changemens, et ceux qu’ils entraîneront dans les lois.

En effet, on peut observer dans les lois les progrès de la corruption graduelle des mœurs, jusqu’à ce que cette corruption ayant atteint son dernier terme, la loi fondamentale de l’état soit attaquée elle-même, et que les mœurs ayant cessé d’être républicaines, la république fasse place au despotisme.

À la fin du cinquième siècle, Rome rencontra la Grèce à l’extrémité de l’Italie. Durant le cours du sixième, elle prit Syracuse, et entra en Orient. Au commencement du septième, Corinthe lui livrait ses chefs-d’œuvre. Les richesses du monde commencèrent à la punir de ses conquêtes, en amollissant ses mœurs. Sa législation atteste ce relâchement et par les résistances qu’elle lui oppose, et par les concessions qu’elle est contrainte de lui faire.

On remarque d’abord les efforts qui ont pour but de relever la religion, base de la politique romaine, alors si ébranlée. Ainsi, la loi Papia[3] ordonna que le grand-pontife choisirait un certain nombre de vierges, entre lesquelles le sort désignerait vingt vestales. Cet impôt levé sur les familles romaines ne prouve-t-il pas que le zèle pour le culte national commençait à se refroidir, et que la législation sentait le besoin de le ranimer ?

On voit aussi la loi lutter contre l’envahissement du luxe et des désordres, en multipliant sans fruit les dispositions somptuaires : c’est dans ce but que furent portées, pour réprimer le luxe des femmes, la loi Oppia[4] que défendit Caton, et qui ne put durer plus de vingt années ; la loi[5]

  1. Loi Tita Clodia, 695.
  2. Metellus Scipio, en 702.
  3. 504.
  4. 539. Tit. Live, 34 1. Tacite, année ii 5.
  5. 573.