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OBERMANN.[1]


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Si le récit des guerres, des entreprises, et des passions des hommes, a, de tout temps, possédé le privilège de captiver l’attention du plus grand nombre, si le côté épique de toute littérature est encore aujourd’hui le côté le plus populaire, il n’en est pas moins avéré pour les âmes profondes et rêveuses ou pour les intelligences délicates et attentives, que les poèmes les plus importans et les plus précieux sont ceux qui nous révèlent les intimes souffrances de l’âme humaine dégagées de l’éclat et de la variété des événemens extérieurs. Ces rares et austères productions ont peut-être une importance plus grande que les faits même de l’histoire, pour l’étude de la psychologie, au travers du mouvement des siècles ; car elles pourraient, en nous éclairant sur l’état moral et intellectuel des peuples aux divers âges de la civilisation, donner la clef des grands événemens qui sont encore proposés pour énigmes aux érudits de notre temps.

Et cependant ces œuvres dont la poussière est secouée avec empressement par les générations éclairées et mûries des temps postérieurs, ces monodies mystérieuses et sévères, où toutes les gran-

  1. vol. in-8o, chez Abel Ledoux.