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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/110

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REVUE DES DEUX MONDES.

ques îles apparurent au-dessus des eaux (apparuit arida, dit Moïse), et la terre fut entourée d’une atmosphère formée comme la nôtre de fluides élastiques permanens, mais dans des proportions probablement fort différentes. Il semble, en effet, résulter des ingénieuses recherches de M. Adolphe Brongniart, qu’à ces époques reculées, l’atmosphère contenait beaucoup plus d’acide carbonique qu’elle n’en contient aujourd’hui. Elle était impropre à la respiration des animaux, mais très favorable à la végétation ; aussi la terre se couvrit-elle de plantes qui trouvaient dans l’air bien plus riche en carbone une nourriture plus abondante que de nos jours ; d’où résultait un développement bien plus considérable que favorisait en outre un plus haut degré de température.

C’est ainsi que s’expliquent l’antériorité de la création des végétaux relativement à celle des animaux, et la taille gigantesque des premiers. Nous trouvons, en effet, à l’état fossile des végétaux analogues à nos lycopodes et à nos mousses rampantes, mais qui atteignent deux cents et jusqu’à trois cents pieds de longueur.

La première création était toute composée de plantes acotylédones. À une époque postérieure vinrent s’y mêler des conifères et des cycadées, puis parurent les plantes monocotylédones, et enfin les dicotylédones, que l’on peut regarder comme plus parfaites et mieux organisées pour résister au froid.

Cependant les débris des forêts s’accumulaient sur le sol, s’y décomposaient, et l’hydrogène carboné, qui provenait de cette décomposition, se répandait dans l’atmosphère. Là, il était décomposé par les explosions d’électricité alors beaucoup plus fréquentes en raison de la plus grande élavation de température. Un monument de cette époque nous est offert par les houilles, immenses débris de végétaux carbonisés.

La même action qui avait produit l’apparition des îles (l’action du liquide acide, pénétrant à travers les fissures de la croûte oxidée) se répéta encore, et fut suivie nécessairement des mêmes phénomènes d’effervescence, d’où résultèrent de nouveaux soulèvemens. Seulement, au lieu que les bouleversemens antérieurs n’avaient fait apparaître au-dessus des eaux que des pics isolés, de simples îles, ceux-ci mirent à sec de vastes continens.

À chaque grand cataclysme, la température de la surface du globe s’élevant considérablement, toute organisation devenait impossible jusqu’à ce qu’elle se fût abaissée de nouveau. C’est en raison de cela que nous voyons à des couches qui renferment d’anciens végétaux et même les premiers animaux, succéder d’autres couches où il n’y a plus de débris de corps organisés.