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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/112

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REVUE DES DEUX MONDES.

l’état de fusion de toute sa partie intérieure. En effet, cette masse non oxidée est une source chimique intarissable de chaleur qui se manifestera toutes les fois qu’un corps viendra former avec elle quelque combinaison ; de sorte qu’un volcan en activité semblerait n’être autre chose qu’une fissure permanente, une correspondance continuelle du noyau non oxidé avec les liquides qui surmontent la couche oxidée.

Toutes les fois qu’a lieu cette pénétration des liquides jusqu’au noyau non oxidé, il se produit des élévations de terrain, et c’est un effet qu’on pouvait prévoir, puisqu’on sait que le métal en s’oxidant doit augmenter de volume. La chaleur résultant de l’action chimique doit avoir son maximum d’intensité au point où se fait la combinaison, c’est-à-dire à la surface de contact de la partie oxidée avec le noyau métallique, et de là elle doit se propager non-seulement vers l’extérieur du globe, mais aussi vers son intérieur. On voit, d’après cela, que la marche de la chaleur dans l’intérieur du globe est une marche centripète ; à mesure que l’oxidation de la croûte va plus avant, la région des actions chimiques, source de la chaleur, s’approche du centre, et la chaleur dégagée se propage, en s’affaiblissant, du dehors vers le dedans, de sorte que si les métaux étaient moins bons conducteurs, on pourrait, dit M. Ampère, supposer que ce centre est très froid.

Ce que nous venons de dire paraît, au premier abord, être en opposition avec les faits observés. On a reconnu, en effet, qu’à partir de la surface et jusqu’à une certaine profondeur, la température va toujours en augmentant, et on s’est pressé d’en conclure que l’augmentation continue à aller jusqu’au centre, ou au moins jusqu’au noyau liquide. Les observations sont bonnes, mais la conclusion est attaquable. Remarquons d’abord que cette augmentation de température à partir de la surface jusqu’à une certaine profondeur ne fournit pas matière à une objection ; dans notre hypothèse même, elle est nécessaire, puisque le maximum d’intensité de la chaleur doit être au point de contact du noyau métallique avec la couche oxidée. Ajoutons que l’homme s’enfonce au plus à une lieue en terre, de sorte qu’il ne peut observer ce qui se passe que sur du diamètre du globe. Conclure de ce qui s’observe dans cette petite fraction du diamètre ce qui a lieu dans toute son étendue est d’une extrême légèreté, et c’est au contraire en physique une règle imprescriptible, qu’on ne doit considérer une loi comme générale, que lorsqu’elle a été observée directement dans la plus grande partie de l’échelle.

Ceux qui admettent la liquidité du noyau intérieur de la terre, paraissent ne pas avoir songé à l’action qu’exercerait la lune sur cette énorme masse liquide, action d’où résulteraient des marées analogues à celles de