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ment moins sévère. Je crains cependant que bien des lecteurs ne puissent faire cette distinction assez subtile, ni saisir cette limite fugitive qui sépare la réalité de la satire ainsi voilée. Peut-être M. Lasailly, qui ne manque pas d’une certaine verve, eût-il mieux fait de ne pas revêtir sa pensée d’une forme énigmatique, et de l’exposer au grand jour en évitant toute parenté avec la littérature bacchanale, qui à l’heure qu’il est se vautre effrontément au soleil sur la place publique comme une prostituée ivre. Trialph, du reste, se refuse à toute espèce d’analyse, et présente les mêmes qualités et les mêmes défauts que les quelques vers déjà publiés par M. Lasailly : çà et là du bon en assez grande abondance, et de temps à autre des passages que je m’abstiendrai de qualifier.


HISTOIRE ARCHÉOLOGIQUE DU BOURBONNAIS.


La Revue n’a pas été des dernières à stygmatiser les vandales qui s’en vont couvrant la France de nouvelles ruines, et effaçant ce qui reste des anciennes. Ce que des voix éloquentes ont dit à ce sujet, va réveiller et encourager au loin les hommes d’art disséminés dans nos provinces. L’une des plus riches en débris des temps passés et des plus maltraitées par les démolisseurs, répond aussi des premières à l’appel fait à tous ceux qui ont quelque hauteur dans l’intelligence. Le Bourbonnais a été assez heureux pour posséder un homme qui, pendant vingt années de sa vie, a consacré ses crayons à reproduire l’image des monumens qu’il voyait crouler autour de lui, et son temps à de laborieuses recherches sur leur histoire. Atteint par l’âge et fatigué aujourd’hui, M. Dufour a confié le résultat de ses travaux à M. Achille Allier, déjà connu des artistes par ses Esquisses bourbonnaises, et celui-ci s’occupe actuellement de mettre en ordre ces matériaux dont la publication aura lieu prochainement à Moulins[1]. Deux volumes in-folio de texte, un volume de cent vingt-cinq planches lithographiées par les plus habiles artistes de la capitale, sous la direction de M. Chenavard, constitueront ce monument scientifique, remarquable à double titre, comme représentant quelques-unes des plus belles ruines de France, et comme indice de cette émancipation intellectuelle vers laquelle tendent les artistes éloignés de la capitale.


f. buloz.
  1. Chez Desroziers ; à Paris, chez Firmin Didot, Treuttel et Wurtz, et Chamerot.