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douter que ces maîtres n’améliorent dans quelques années les orchestres de Londres par les élèves qu’ils formeront. Les Anglais n’ont jamais pu se distinguer comme hautboïstes ; ni Fischer, qui a vécu long-temps à Londres, ni M. Vogt plus tard, n’ont pu former d’élèves parmi eux. Un jeune hautboïste français, ancien élève du conservatoire de musique de Paris, est maintenant fixé à Londres ; il donne des leçons à l’Académie : peut-être sera-t-il plus heureux que ses devanciers.

Pour le basson, les Anglais n’ont rien à envier aux autres nations. M. Mackintosh est un professeur habile ; il tire de son instrument un son volumineux qui manque à la plupart des artistes de Paris, et forme de bons élèves. Le cor n’est pas cultivé avec autant de succès, quoiqu’on trouve à Londres un homme d’un talent fort remarquable sur cet instrument. Cet artiste, nommé Puzzi, est maintenant retiré des orchestres, et ne donne point de leçons. M. Platt, qui enseigne dans l’Académie, me paraît peu propre à cet emploi.

Le piano est l’un des instrumens les plus favorisés par le choix des maîtres, qui sont MM. Moschelès, Potter, Phlipps et Mme Anderson. On trouve dans l’Académie une multitude de jeunes gens qui ont déjà des talens distingués sur cet instrument.

Les jeunes compositeurs de l’Académie jouissent d’un avantage précieux : celui de pouvoir faire exécuter leurs compositions par un orchestre complet, les mardi et jeudi de chaque semaine. Cette instruction pratique me paraît être la meilleure qu’ils reçoivent dans l’Académie. M. Potter, compositeur et habile pianiste, qui a vécu long-temps à Vienne, dirige cette exécution. C’est un très bon musicien, capable de bien remplir de semblables fonctions. Ces exercices sont intéressans ; j’y ai assisté plusieurs fois, et j’ai toujours été satisfait de ce que j’y ai entendu.

Si l’on considère les obstacles de tout genre que les fondateurs de l’Académie royale de musique ont eu à vaincre pour l’organisation d’une école de ce genre dans un pays où il n’existait rien de semblable, et en l’absence de tout secours du gouvernement, on ne peut qu’être frappé de l’importance des résultats obtenus en moins de douze ans. Malheureusement ces résultats, si considérables qu’ils soient, sont trop isolés pour pouvoir exercer une puissante in-