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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

pelles. Prenons pour exemple l’Italie. Vers le milieu du dix-huitième siècle, on y trouvait dans toutes les grandes villes dix ou douze églises où l’office était célébré en musique à grand orchestre. Il était nécessaire que ces églises eussent un maître de chapelle, des chanteurs et des symphonistes. Les artistes, ne pouvant obtenir ces emplois qu’en les disputant à leurs rivaux dans des concours, étaient obligés d’avoir du talent ; aussi, les maîtres de chapelle étaient savans, et les chanteurs employaient un grand nombre d’années à se perfectionner dans leur art. Le maître de chapelle, dont l’existence était assurée par sa place, ne travaillait au théâtre que pour sa gloire, au lieu d’être un marchand de notes, comme le sont la plupart des compositeurs de nos jours. Les chanteurs qui, comme l’abbé Pellegrin, dînaient de l’autel et soupaient du théâtre, et qui avaient une ressource assurée pour leur vieillesse, ne rançonnaient pas les entrepreneurs, et ne les obligeaient pas à sacrifier un ensemble satisfaisant à la nécessité de posséder un ou deux artistes renommés ; enfin des choristes de cathédrale, excellens musiciens, étaient bien plus utiles pour la scène que d’ignares figurans auxquels il faut siffler le matin la musique qu’ils défigurent le soir. De plus, l’habitude d’entendre dans les églises formait le goût des exécutans et du public. Rien de tout cela n’existe plus, et la destruction de la musique d’église a eu pour résultat la décadence de toutes les parties de l’art musical.

Ces considérations s’appliquent naturellement à l’Angleterre, où l’on ne trouve point, à proprement parler, de véritable musique d’église, quoiqu’on exécute quelquefois de la musique dans les temples. Je m’explique. Selon le rit anglican, le chant des psaumes et celui des hymnes est seul admis dans les cérémonies du culte. Chaque comté, je pourrais presque dire chaque paroisse, a son livre choral et son chant particulier, et l’organiste ou le chef de musique de cette paroisse ajoute chaque année de nouveaux chants à ceux qui sont déjà connus. Toutefois, il est de certaines pièces de ce genre qui sont devenues monumentales. Ces psaumes ou ces hymnes ont été composés par Boyce, Purcell, Handel, Tallis, Ravenscroft, Battishill, Smith, et quelques autres compositeurs anglais. Ils sont écrits à trois ou quatre parties, et sont exécutés par des chœurs peu nombreux ; quelquefois même il n’y a qu’une