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de Sainte-Marie, accompagna l’expédition projetée, et ses résultats se bornèrent à une inutile effusion de sang, comme on va le voir.

Elle s’annonça par l’apparition à Sainte-Marie de deux compagnies d’Yoloffs, amenés du Sénégal et engagés pour quatorze années par le capitaine d’artillerie Schoell, homme de mérite et d’un grand courage, qui a succombé dans le cours de la campagne. Le dénuement presque absolu dans lequel on laissa ces Africains, les travaux et les mauvais traitemens dont on les accabla, occasionèrent une révolte parmi eux, et il fallut en fusiller plusieurs pour les ramener à l’obéissance. Ils rendirent par la suite de grands services à l’expédition.

M. le capitaine de vaisseau Gourbeyre, qui avait été désigné pour la commander, quitta la station de Rio-Janeiro et arriva, le 19 juillet 1829, à Sainte-Marie, sur la frégate la Terpsichore, accompagnée de la gabare l’Infatigable, du transport le Madagascar et de la goëlette-aviso le Colibri, portant environ trois cents hommes de débarquement. Peu de temps après, il fut rejoint par la corvette la Nièvre, la gabare la Chevrette et la Zélée, qui lui amenèrent de nouveaux renforts.

Peu de jours après son arrivée, le commandant partit avec la division pour reconnaître Tintingue, dont il avait résolu de s’emparer. Tintingue est une presqu’île sablonneuse, jointe à la grande terre par un isthme étroit, et située presque en face de la pointe nord de Sainte-Marie. Les Hovas avaient négligé ce point important, et il était alors complètement inhabité. Les travaux commencèrent immédiatement, et furent poussés avec une telle activité, que six semaines suffirent pour abattre une immense étendue de forêts, pour élever un fort, des casernes, des magasins, des maisons pour les employés, le tout entouré d’une enceinte palissadée, qui fut fermée à sa base par une autre palissade munie d’une porte sur la campagne, afin de mettre la presqu’île entière à l’abri d’une attaque de la part de l’ennemi. Le 18 septembre, le pavillon français fut arboré solennellement sur le fort.

Lorsque l’expédition arriva à Tintingue, les Malgaches accoururent de toutes parts pour se mettre à la disposition du commandant et l’assurer de leur dévoûment, à notre cause. L’espoir d’être déli-