Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/461

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
455
MÉLANGES.

neur ; aucun de ces chefs, si ce n’est celui de Moka, n’a plus d’une couple de chevaux. Ici d’ailleurs, comme dans le Hedjaz, aucun particulier n’en possède, je ne me rappelle pas même leur avoir vu de mules, ils se contentent d’ânes, qui, à la vérité, dans l’Yémen font d’excellentes montures. Le brave sheriff actuel d’Abou Arische, le brave Hammoud, qui a si long-temps tenu les Wahabites en échec, a un escadron de cavalerie. La province d’El Dschof et le pays de Nedjran ont aussi la réputation d’être riches en chevaux ; mais on sait bien, en Arabie, ce qu’il faut entendre par cette expression, et on doit songer en outre que le Nedjran a une très petite étendue. Tout bien compté, je suis convaincu que l’Yémen, la province la plus riche et la plus importante de l’Arabie, ne possède pas au-delà de quinze cents chevaux.

« Nichbur et les autres géographes ne disent point qu’il existe de chevaux dans la province d’Oman. Cependant, comme il est probable que le prince et ses officiers en possèdent, je supposerai qu’il y en a cinq cents. J’en accorderai autant à la province d’El Bahhrein, quoique les auteurs n’en parlent point. J’en devrais peut-être compter beaucoup moins d’après la nature sablonneuse du sol et la rareté de l’eau.

« La province El Nedjed est plus célèbre par ses chevaux ; mais comme elle a le même sol que l’Yémen, et qu’elle est bien moins étendue, je ne crois pas lui faire de tort en évaluant à mille le nombre de ses chevaux. Enfin nous en compterons le même nombre pour les déserts de la Syrie et les rives méridionales de l’Euphrate, le tout pris ensemble. Vous voyez, d’après cette évaluation détaillée qui se fonde en partie sur mes observations propres et en partie sur les renseignemens que j’ai pris soin de recueillir, qu’on ne serait pas bien loin de compte en portant à 5,500 le nombre total des chevaux de l’Arabie. »

Des renseignemens provenant d’autres sources s’accordent fort bien avec ceux que fournit M. Seetzen ; et ainsi, à peu près à l’époque où il écrivait, l’armée des Wahabites, qui comptait, dit-on, jusqu’à 160,000 hommes et 80,000 dromadaires, n’avait pas plus de 2000 chevaux.

Nous avons vu que les chevaux mangent de la viande, du poisson, du beurre, du pain, en un mot s’accommodent de presque tous les alimens qui entrent dans la nourriture de l’homme. J’ajouterai qu’ils ne dédaignent pas nos liqueurs, et c’est du reste un fait assez généralement connu qu’un peu de vin, donné à propos, ranime pour quelque temps un cheval fatigué. Il ne faut pas dépasser une certaine limite, car l’animal, n’étant pas accoutumé à ce breuvage, s’enivre aisément, et si on va jusqu’à le faire chanceler, on produit juste le contraire de ce qu’on voulait. L’habitude, d’ailleurs, agit sur lui comme sur nous, et avec du soin et de la persé-