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UN MOT
SUR
L’ART MODERNE.

Il ne manque pas de gens aujourd’hui qui vous font la leçon ni plus ni moins que des maîtres d’école. On dit à la jeunesse : Faites ceci, faites cela. Je crois que rien n’est plus indifférent au public ; les sermons n’ont pour lui d’autre inconvénient que de l’endormir : mais il n’en est pas de même des jeunes artistes. Rien n’est plus à craindre pour eux que ces larges décoctions d’herbes malfaisantes qu’une maudite curiosité les pousse toujours à avaler en dépit de leur raison. Qu’arrive-t-il en effet ? ou qu’ils sont révoltés, ou qu’ils se laissent faire. S’ils sont révoltés, où trouveront-ils une tribune pour répondre à ce qu’on leur dit ? comment expliquer leur pensée ? car si peu qu’elle vaille, cette pensée d’un être obscur et libre, peut être aussi utile au monde que les oracles de ses dieux. Elle peut aller à quelqu’un, bien qu’elle ne vienne de personne. De quel droit ne peuvent-ils parler ? Et s’ils se laissent faire, que vont-ils devenir, sinon des gouttes d’eau dans l’Océan ?