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REVUE. — CHRONIQUE.

cances de Pâques et l’Humoriste. On y cherche vainement la finesse et la touche pittoresque de l’auteur de Florence Maccarthy.

M. Ludvig Dauern, docteur en théologie et chevalier de l’ordre du faucon blanc de Weimar, a publié les Lettres méthodistes[1]. C’est une satire spirituelle, savante, énergique et foudroyante, de la congrégation jésuitique qui s’est formée au sein du protestantisme, et dont quelques-uns de nos plus illustres doctrinaires sont les agens actifs. Ce livre curieux et brillant mérite un examen détaillé, et nous y reviendrons.

— Mademoiselle Boury n’a pas voulu rester en arrière de M. Pépin, et elle aussi publie ses révélations qu’elle a ornées de son portrait[2]. Mademoiselle Boury nous apprend que son père était maître de poste à Berghes, et qu’il émigra à Gand avec Louis xvii, ce qui s’appelle prendre les choses d’un peu haut. Mademoiselle Boury fut élevée chez les ursulines de Saint-Omer, où se renouvela la fable d’Achille et de Déidamie. Un jeune homme s’introduisit dans le couvent et y vécut trois mois à l’insu des supérieures. Mettez donc vos filles aux Ursulines !

Puis mademoiselle Boury fut mise dans une pension séculière. Le dîner était excellent, il se composait régulièrement d’un potage, de deux plats de légumes, et on y buvait de la bierre. Mademoiselle Boury nous donne aussi la carte de ses soupers, et l’emploi de ses journées, mademoiselle Boury a raison, elle sait combien la vie privée d’un personnage historique intéresse la postérité, et mademoiselle Boury est un personnage des plus historiques.

Il faut sauter cent pages de ce genre pour arriver au fameux coup de pistolet. Mademoiselle Boury avoue qu’elle se rendit le matin de ce jour chez M. Thiers, mais elle assure qu’elle ne le vit pas ; elle revint encore chez lui après l’affaire, et le secrétaire du ministre la fit conduire aux Tuileries. Du reste, mademoiselle Boury avoue qu’elle avait besoin de 40,000 fr., que M. Rotschild refusa de les lui prêter, et qu’après l’événement du pont Royal, elle s’adressa au roi pour les obtenir. Le roi lui fit faire une belle lettre par M. Jules de Larochefoucault, son aide-de-camp. « Cette réponse, dit mademoiselle Boury, était une consultation en bonne et due forme, parfaitement libellée. Dans sa lettre, M. le comte Jules me donne un conseil dont la sagesse ferait honneur au bâtonnier de l’ordre des avocats ; il m’engage à m’adresser à un capitaliste qui puisse faire l’avance des 40,000 francs que je désire emprunter. »

  1. Chez Cherbuliez, rue de Seine.
  2. Chez Vimont, rue de Richelieu.