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verneur de l’état, dans le but de s’entendre sur les moyens les plus efficaces pour rendre la paix au pays, et ainsi que l’ont toujours répété les chefs de parti, afin de prévenir l’effusion du sang des citoyens. Les conférences s’ouvrirent en effet, on discuta, on disputa ; aucun des partis ne voulut rabattre de ses prétentions[1], qui de part et d’autre étaient exagérées ; enfin le 15 juillet, une proclamation adressée par Santa-Anna à ses troupes, vint annoncer que tout était rompu et que le sort des armes allait seul décider la question.

Les hostilités recommencèrent ; les troupes du gouvernement en donnèrent les premières un sanglant signal. Cent quatre-vingts habitans de Jalapa s’étaient armés en faveur de Santa-Anna ; surpris et attaqués par un détachement de quatre cent cinquante ministérialistes, ils furent battus et pris malgré une courageuse résistance, et tous les officiers passés par les armes pour servir d’exemple. Néanmoins Puente Nacional resta au pouvoir du général, dont tous les efforts tendaient à pénétrer jusqu’à Mexico, pour pouvoir enfin y parler en maître. Bientôt son parti prit un accroissement considérable ; dès le 14 août, il s’était avancé, en personne, jusqu’à Orizaba, où il se trouva à la tête de trois mille hommes de troupes bien organisées et animées d’un excellent esprit ; le commandant et toute la garnison s’étaient ralliés à ses drapeaux. Il avait refoulé au loin Calderon, et il manœuvrait de manière à

  1. Santa-Anna demandait que le vice-président quittât le fauteuil, et que les législatures fussent convoquées pour procéder à l’élection d’un nouveau président : il comptait sans doute sur son influence armée pour déterminer une partie des états en sa faveur, car il serait ridicule de croire à tout ce que ses partisans débitaient sur sa modération. Je me souviens qu’au commencement de la révolution, je me trouvais à la Vera-Cruz dans une réunion où plusieurs personnes vantaient devant le chef politique du département (M. G****) le peu d’ambition de Santa-Anna et son amour du bien public ; ils répétaient avec complaisance ces paroles de Santa-Anna : « Je ne veux que rétablir le calme dans la république et déposer ensuite mon épée ; je refuserais même la présidence si j’y étais appelé. » — « Que je croie à la modération du général, dit M. G****, moi qui l’ai vu ivre de joie quand ses soldats l’ont salué du nom d’imperador (Antonio i, empereur) dans une des révolutions précédentes ! »